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Commission royale d'enquête sur l'avancement des arts, lettres et sciences au Canada
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CHAPITRE XVII*

LA « PROJECTION » DU CANADA À L'ÉTRANGER

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L'ÉTRANGER, en général, connaît mal le Canada. Sans doute, les habitants de bien des pays ont-ils une idée de nos ressources matérielles, mais notre croissance rapide en tant que puissance mondiale et les responsabilités que nous avons assumées sur le plan international ont relégué dans l'ombre les connaissances qu'on pouvait avoir à l'extérieur sur nos institutions, nos mï¿œurs, notre population, notre géographie et, en particulier, nos rapports subtils et importants avec le Commonwealth des Nations. Il n'est pas anormal qu'on ait souvent appelé le Canada « le pays inconnu ». Rien de plus frappant, à cet égard, que l'ignorance dans laquelle nos voisins les plus proches restent à notre endroit, ignorance qui n'a d'égale que leur amitié. La plupart des Américains connaissent peut-être des Canadiens, mais rares sont ceux qui pourraient subir avec succès un examen sur nos institutions. Peut-être les nombreux caractères communs aux deux pays constituent-ils en eux-mêmes une difficulté; souvent les ressemblances peuvent tromper.

2.   Le titre du présent chapitre : « la projection du Canada à l'étranger », est, bien entendu, une métaphore inspirée du cinéma et qui correspond à une méthode maintenant universellement employée. Toutes les nations se « projettent » sur l'écran international de diverses façons, depuis le travail quotidien des attachés de presse jusqu'aux « exportations culturelles », telles que la tournée d'un orchestre ou les expositions de tableaux outre frontière. Il n'est pas toujours facile de distinguer les échanges culturels entre États des échanges de simples renseignements. Dans les pages qui suivent nous traiterons de ces deux questions, car la projection du Canada dans les autres pays, par tous les moyens possibles, doit être, en quelque sorte, une « opération combinée ».

3.   À notre époque, il n'est pas une nation qui ne se reconnaisse officiellement responsable de la diffusion de renseignements sur elle-même et des échanges culturels avec d'autres États. Le Canada, à mesure que croît son importance internationale, remplit ces nouvelles fonctions, et certains services et organes du gouvernement fédéral s'en occupent activement. Il est clair qu'on écoutera d'autant plus attentivement l'opinion

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du Canada qu'on connaîtra davantage notre pays et ses réalisations. La diffusion régulière de connaissances sur notre pays n'est pas un luxe, mais une nécessité. Un plan d'action plus étendu en ce domaine ne manquerait pas d'avoir des résultats importants, concrets d'une part, intangibles de l'autre. La diffusion de renseignements sur le Canada, en tant que nation, stimule notre commerce extérieur et attire chez nous les touristes et le genre d'immigrants que nous voulons. Mais notre enquête porte davantage sur un autre domaine. L'établissement d'un système d'échanges avec les autres pays, dans le domaine des arts et des lettres, nous permettra en effet de fournir un apport original à la vie civilisée. D'autre part, ces échanges étant toujours bilatéraux, nous bénéficierons de ce qu'on nous donnera. Nous sommes persuadés que la réciprocité est ici la condition d'une saine existence nationale. Il a déjà été question, dans le présent Rapport, des déviations possibles dont le caractère national de notre pays a pu souffrir dans le passé par suite du recours trop exclusif à une source de culture particulièrement riche, à laquelle nous avons trop puisé sans donner assez en échange. Une étude plus attentive de la question nous porte à croire que nous avons négligé aussi nos voisins plus éloignés à qui nous n'avons rien donné et dont nous avons pris trop peu de choses.

INITIATIVES D'ORDRE LOCAL ET BÉNÉVOLE

4.   Soixante-quatre des groupements qui nous ont présenté des mémoires ont traité de nos relations culturelles avec l'étranger. N'y a-t-il pas là une démonstration de l'importance qu'on y attache en ce moment, et aussi l'indice que les Canadiens jugent que, dans ce domaine, ils ont un retard à compenser. Néanmoins, bien que les initiatives officielles aient été peu importantes, nous n'en avons pas moins échangé des renseignements et entretenu des relations culturelles avec d'autres pays. On n'envisage pas souvent leur activité sous cet aspect mais on peut dire que les missionnaires que le Canada envoie au loin depuis plus de deux générations ont certes fait connaître leur pays à l'extérieur, encore que ce ne fût pas là le but premier qu'ils recherchaient. En outre, depuis quelques années, les échanges se sont multipliés par la circulation d'imprimés, de films, de tableaux, par la radiodiffusion et, évidemment, grâce aux voyages d'affaires, d'agrément ou d'études. Le développement du commerce et des moyens de communication les ont favorisés. À des fins plus précises, ils profitent des efforts bénévoles de particuliers et d'associations ayant des intérêts spéciaux. L'échange d'instituteurs entre le Canada et la Grande-Bretagne se poursuit depuis près de trente ans. En 1951-1952, la Canadian Education Association et les provinces prendront des dispositions pour qu'environ cinquante-cinq maîtres d'école de Grande-Bretagne changent de poste avec des instituteurs canadiens. L'Institut scientifique franco-canadien se charge d'échanges semblables

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entre le Canada et la France, mais, dans ce cas, sur le plan universitaire. Avec le temps, l'effet de ces initiatives ingénieuses ne peut que profiter aux pays intéressés.

5.   Nous avons entendu le témoignage d'un certain nombre de groupements qui, à divers degrés, s'occupent d'échanges culturels avec d'autres pays. Ainsi, depuis quelques années la Canada Foundation sert officieusement de bureau d'information et, comme nous l'indiquons ailleurs, elle entretient une correspondance régulière avec plus de quarante pays. L'International Student Service, tout en fournissant des secours matériels aux étudiants qui se trouvent hors du Canada s'intéresse surtout à l'échange des étudiants. En outre, ses cours annuels de vacances en Europe ménagent des contacts utiles et stimulants entre étudiants et professeurs de divers pays. La Canadian Federation of University Women et d'autres groupements ont des relations internationales actives. Quelques associations, comme l'Imperial Order Daughters of the Empire et la Canadian Federation of University Women, ainsi que certaines provinces, donnent des bourses d'études à l'étranger. La province de Québec, en particulier, accorde, depuis plusieurs années, des bourses généreuses en vue d'études en France. Nos sociétés savantes s'efforcent, dans la mesure de leurs moyens, de maintenir des contacts avec les sociétés du même genre ailleurs et, d'ordinaire, le Canada est représenté aux conférences internationales consacrées à des questions telles que l'enseignement postscolaire, les coopératives, le travail, ainsi qu'aux sujets propres à intéresser les femmes. Certaines sociétés canadiennes, l'Association Canada-inter-Amérique, par exemple, favorisent les échanges culturels surtout pour des motifs économiques. Des maisons commerciales de tous genres, soit indépendamment, soit par l'entremise de leurs associations, appuient des entreprises analogues.

6.   La liste des interventions bénévoles doit, évidemment, comprendre les efforts vraiment héroïques que font les artistes canadiens pour apporter ou envoyer leur production à l'étranger. Des musiciens et conférenciers canadiens visitent les États-Unis et, à l'occasion, séjournent outremer. Les Canadiens sont fréquemment en mesure d'accueillir ceux de l'étranger qui leur rendent ces visites.

INTERVENTION DE L'ÉTAT

7.   Toute cette activité bénévole n'est, cependant, que peu de chose si l'on songe à ce que les Canadiens veulent réaliser ou à ce qu'ils estiment nécessaire. En outre, les dernières années ont démontré de façon éclatante combien sont insuffisants ces contacts internationaux, eu égard à la place que le Canada s'est taillé dans un monde en évolution. Des services de l'État dont nous avons déjà parlé, certains ont en partie comblé la brèche que les initiatives bénévoles et spontanées ne parvenaient pas à franchir. Point n'est besoin d'indiquer ici en détail l'ï¿œuvre

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essentielle du ministère du Commerce, en ce qui concerne les services d'information de divers genres. Plusieurs autres ministères ou organismes d'État, outre les Affaires extérieures dont il sera question plus loin, s'occupent de questions culturelles. Depuis vingt-cinq ans, (elle avait commencé par une participation remarquable à l'Exposition de l'Empire britannique en 1924-1925), la Galerie nationale envoie dans les autres pays des tableaux canadiens et fait venir au Canada ceux d'autres pays. De temps à autre aussi, la Galerie prête, pour de longues périodes, des tableaux canadiens à nos missions diplomatiques.

8.   Parmi les organismes les plus importants qui s'occupent de mieux faire connaître le Canada dans le monde, il faut mentionner la Société Radio-Canada, qui établissait son service international en 1944. Son but est « de présenter un tableau honnête, objectif et vivant du Canada et de la vie canadienne, au moyen de chroniques instructives, de commentaires, de nouvelles et d'émissions d'agrément »(1). La Voix du Canada, maintenant diffusée tous les jours en treize langues, y compris le russe et le tchèque, est entendue en Europe, dans les deux Amériques, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Afrique du Sud et dans le sud du Pacifique. Le courrier reçu des auditeurs étrangers augmente : durant l'année écoulée, on a reçu, de l'Europe, de l'Amérique centrale et de l'Amérique du sud, des Antilles et du Pacifique-sud, plus de trente-sept mille lettres. Les émissions consistent en chroniques variées et en commentaires sur le Canada, en nouvelles et en émissions d'agrément, y compris des pièces et des concerts radiophoniques réalisés par des Canadiens pour illustrer la vie canadienne. Radio-Canada dirige ce service international au nom du gouvernement du Canada. Un crédit voté directement par le Parlement en acquitte les frais, de sorte que l'argent que Radio-Canada reçoit de la vente des permis ou en recettes commerciales n'est pas en jeu. Un comité consultatif du gouvernement fédéral, où sont représentés les ministères des Affaires extérieures et du Commerce, arrête la ligne de conduite à suivre.

9.   Outre les émissions quotidiennes transmises directement, le Service international diffuse aussi un certain nombre d'émissions spéciales que retransmet, dans les bandes de fréquence ordinaires, la radiodiffusion nationale des pays vers lesquels ces émissions sont dirigées, notamment l'Allemagne occidentale, la Grande-Bretagne et la France. La Radio-diffusion française a fait preuve d'un grand esprit de collaboration en retransmettant des chroniques et des pièces canadiennes réalisées et adaptées à l'intention des auditeurs français par le Service international de Radio-Canada. Dans le dessein de stimuler un peu partout l'audition de la musique canadienne, le Service international a également entrepris de publier cinq albums de disques de musique composée par huit musiciens canadiens éminents. Les missions diplomatiques du Canada distribuent ces albums aux postes de radiodiffusion et aux groupements

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intéressés. En octobre 1949, le Service international lançait un concours de chansons ouvert à tous les compositeurs vivant au Canada. Des compositeurs des dix provinces ont inscrit plus de mille chansons et neuf d'entre eux ont reçu des prix de $250 chacun. Le Service international a aussi pris des mesures afin que des postes des Pays-Bas, de la Belgique, du Pakistan, de l'Afrique du Sud et de l'Amérique du Sud diffusent régulièrement des émissions qu'il réalise ici.

10.   Sur le front publicitaire, l'Office national du film occupe un secteur particulièrement important. La distribution des films canadiens à l'étranger se fait par l'entremise des bureaux de l'Office et de l'État canadien, d'organismes gouvernementaux et culturels d'autres pays et par les voies commerciales. Actuellement, quarante missions diplomatiques et consulaires(1a) et dix-neuf commissariats du commerce, outre les centres de l'Office du film à Londres, New-York et Chicago, distribuent gratuitement des films du gouvernement canadien. Nos diverses missions possèdent chacune environ deux cents films. Il y a eu augmentation constante des projections ainsi que des auditoires atteints par l'intermédiaire des bureaux canadiens. Parmi les missions, le centre de distribution le plus important est celui de Sydney (Australie) qui, en 1949-1950, a organisé 4,425 représentations auxquelles ont assisté 521,830 personnes. Les rapports provenant de nos missions diplomatiques démontrent la popularité des films canadiens et leur importance comme instrument de publicité nationale. Des réalisations de l'Office national du film ont été primées, depuis quelques années, à plusieurs festivals internationaux, entre autres ceux de Venise, 1949 et 1950; Bruxelles, 1949; Édimbourg, 1949; Cleveland (Ohio), 1949. Nous avons dans nos dossiers de chaleureux hommages, émanant de nombreuses parties du globe, rendus à l'excellence artistique et technique ainsi qu'à l'intégrité des productions de l'Office national du film.

11.   De plus en plus, ces dernières années, le ministère des Affaires extérieures a constaté qu'il lui fallait ajouter à ses responsabilités, dans le domaine des services d'information dans les autres pays, celle de coordonner le travail d'autres institutions de renseignements, officielles et bénévoles, et celle de favoriser les échanges culturels. Le ministère a assumé une bonne partie de ces fonctions à cause de demandes pressantes venant de l'intérieur aussi bien que de l'extérieur du pays. Ni les fonctionnaires intéressés, ni le public ne sont parfaitement satisfaits des improvisations qui en ont résulté. En guise de préface à nos recommandations, formulées à la deuxième partie du présent Rapport, il nous semble opportun de faire ici un exposé assez complet des fonctions actuelles du ministère des Affaires extérieures en matière d'information et de service culturels; de signaler ce que réalisent d'autres pays dans ce domaine; de faire part d'avis et de commentaires que nous ont présentés divers groupements bénévoles intéressés et, enfin, de souligner les insuffisances et les lacunes les plus graves de notre régime actuel.

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12.   Les services d'information et les services culturels ressortissent les uns et les autres à la Division de l'information du ministère des Affaires extérieures. (Un service de presse distinct s'occupe d'alimenter les journaux canadiens). Bien entendu, c'est par la voie des missions diplomatiques et du service consulaire que le ministère transmet officiellement ses renseignements. En 1939, abstraction faite des commissariats du commerce, le Canada n'avait que six missions diplomatiques à l'étranger, et il n'y entretenait aucun consultat. Aujourd'hui, il possède quarante-cinq missions diplomatiques et consulaires dans trente-quatre pays(2)et, en outre, des commissaires du commerce dans dix-neuf villes étrangères où notre pays n'a ni ambassade ni consulat. On voit donc à quel point le volume du travail a pu augmenter, sans parler de sa diversité.

13.   Les renseignements sont transmis, règle générale, sous forme imprimée ou polycopiée. On s'efforce, par des mesures très soignées, de fournir à la presse canadienne et étrangère des informations complètes et précises, et de transmettre à toutes nos missions des résumés suffisants des nouvelles et des commentaires publiés dans nos journaux. Nos ambassades reçoivent par la poste aérienne un bulletin quotidien et un bulletin hebdomadaire, ainsi qu'une revue mensuelle, les Affaires extérieures, qui fait aussi l'objet d'une large diffusion au Canada et ailleurs. De plus, on prépare régulièrement une revue de la presse canadienne. Des dispositions spéciales sont prises pour la transmission de renseignements à Washington, New-York et autres missions aux États-Unis.

14.   Outre ces services, le ministère assure encore la parution, sous forme polycopiée ou imprimée, de toutes sortes de documents qui sont transmis à nos missions, à des journalistes, à des bibliothèques, à des écoles et à des particuliers intéressés(3). Le Canada d'un océan à l'autre est une brochure illustrée et très estimée dont on a distribué trois quarts de million d'exemplaires publiés en quatre langues : anglais, français, espagnol et portugais. On songe en ce moment à une nouvelle édition qui, en outre, paraîtrait en italien. Les principales publications annuelles sont le rapport officiel du ministère et un autre ouvrage; le Canada et les Nations Unies. On prépare à l'intention des services extérieurs de nos missions une étude périodique sur l'activité culturelle au Canada. Cette étude constitue un commentaire intéressant et instructif des événements et des progrès survenus dans les domaines de l'éducation, des arts, des lettres et des sciences. Outre ces diverses publications plutôt éphémères, nos ambassades ont de petites bibliothèques de consultation renfermant des ouvrages sur le Canada (histoire, économie, politique). Ce flot régulier d'informations est complété par le bureau chargé de répondre aux demandes directes de renseignements. Ces demandes, qui lui parviennent tant du Canada que des autres pays, atteignent le chiffre d'environ 1,700 par mois et imposent le plus lourd travail au ministère dans le domaine de l'information.

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15.   S'il n'ignore pas que toute information sérieuse et digne de foi doit provenir en grande partie de documents et de publications, le ministère a conscience, d'autre part, de l'influence plus immédiate de l'image et de la parole. Comme nous l'avons fait observer, deux importants services nationaux, Radio-Canada et l'Office national du film, s'occupent déjà de la diffusion de renseignements à l'étranger. Le ministère des Affaires extérieures collabore étroitement avec eux. Il fournit aide et conseils à Radio-Canada sur les émissions à prévoir et, comme nous l'avons déjà dit, ses bureaux à l'étranger sont un élément essentiel des services de distribution de l'O.N.F. D'autre part, le ministère achète aussi de la Galerie nationale, en petit nombre, des sérigraphies et des reproductions de tableaux canadiens, dont il assure la distribution, non seulement à nos missions, mais encore aux galeries, écoles, cercles, etc., de certains pays.

16.   Quoique le ministère, grâce aux moyens précités, fournisse beaucoup de renseignements à des institutions ou personnes étrangères, avec lesquelles il entretient des contacts directs, les grands organes de diffusion restent les missions diplomatiques et consulaires. C'est de leur activité et de leur ingéniosité, ainsi que des moyens matériels mis à leur disposition, que dépend la qualité du travail exécuté en cet important domaine. Il y a des préposés d'information à Londres, Paris, Rome, Mexico, Canberra, Washington et New-York. Dans ces deux dernières villes, nous en avons même deux. En outre, à Londres, Paris, Washington et New-York, nous avons un personnel réduit chargé particulièrement de répondre aux demandes courantes de renseignements, d'aider tous les correspondants ou écrivains qu'intéressent les affaires canadiennes, de fournir des documents aux associations d'éducation et autres groupements, de donner suite, s'il y a lieu, aux mentions que font du Canada les revues ou les journaux locaux. Dans tous les postes, toutefois, on rappelle aux fonctionnaires qu'ils ne doivent jamais cesser d'éveiller autour d'eux l'intérêt envers notre pays et de communiquer des renseignements à son sujet. Il est bien entendu que la mission elle-même doit constituer un centre canadien de culture intellectuelle. Les fonctionnaires du ministère en poste à l'extérieur entretiennent des relations étroites avec les journaux, grâce à des conférences de presse et d'autres moyens ; en outre, ils sont fréquemment appelés à prononcer, à des réunions d'une importance numérique plus ou moins considérable, des discours ou des conférences qui constituent une publicité directe de grande utilité.

17.   Pourtant, en regard des réalisations d'autres pays, nos initiatives en ce domaine semblent plus que modestes, même si l'on tient compte de la différence de population. La Grande-Bretagne emploie au total, dans divers services et ministères, environ 230 attachés ou fonctionnaires spécialement chargés des relations avec la presse; les États-Unis en ont presque 500, et  la France, qui, dans chaque ambassade ou légation, a au moins un attaché chargé des relations avec les journaux, la radiodiffusion et le

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cinéma, a organisé plus de trente missions culturelles à l'étranger, dont la plupart comportent un personnel de quatre ou cinq personnes.

18.   Il convient de prendre note d'une autre des fonctions du ministère. Il en a d'ailleurs déjà été question. C'est la tâche qui lui incombe de coordonner dans son ensemble l'activité administrative ayant l'information pour objet. Le chef de la Division de l'information préside une Commission interministérielle de l'information canadienne à l'étranger. Cette commission, qui réunit des hauts fonctionnaires des ministères les plus directement intéressés, a pour fonction d'empêcher le gaspillage que pourrait amener le chevauchement inutile des travaux, ainsi que de coordonner la ligne de conduite et l'activité des divers services d'information du Canada.

19.   Il est toutefois un problème de coordination aussi important que discuté, celui des questions relatives à l'UNESCO, qui, maintenant, ressortit exclusivement au ministère des Affaires extérieures. Ce ministère, en effet, non seulement propose des listes de délégués aux conférences de l'UNESCO, mais encore, dans une certaine mesure, remplit les fonctions d'une commission nationale pour l'UNESCO, s'assurant la collaboration de sociétés bénévoles et facilitant l'exécution des entreprises de l'UNESCO chez nous. La question des relations du Canada avec l'UNESCO a suscité beaucoup d'intérêt et, il faut le dire, beaucoup de critiques et de controverses. Comme il s'agit d'une des questions que nous sommes particulièrement chargés d'étudier, nous avons consacré un chapitre distinct de la présente partie du Rapport à une étude de cette organisation, de ses principes, de ses méthodes et de son activité au Canada. Nous mentionnons ici l'UNESCO afin d'inclure aussi, dans notre revue de la question de l'information à l'étranger, cet important élément du problème général qui consiste à assurer un échange satisfaisant de renseignements avec les autres pays, et un degré suffisant de sympathie et de compréhension entre le Canada et tous ses voisins, proches et moins proches.

20.   Enfin, nous devons mentionner l'ï¿œuvre qu'accomplit l'Office canadien du tourisme, organisme fédéral chargé de stimuler, de façon générale, le tourisme au Canada. Cet Office, division du ministère des Ressources et du Développement économique qui fonctionne depuis 1934, a un personnel de 70 employés et un budget annuel de l'ordre d'un million et demi de dollars, dont il consacre près des deux tiers à faire connaître les attraits touristiques du pays par la réclame dans les revues et journaux des États-Unis, d'où le Canada tire plus des neuf dixièmes de ses recettes à ce chapitre. L'Office entretient un bureau à New-York et il a un représentant au consulat général du Canada à Chicago. En 1950, l'Office a répondu à plus de 350,000 demandes de renseignements distinctes, relatives aux voyages au Canada. Plus de 1,000 publications, aux États-Unis et ailleurs, lui servirent à disséminer des renseignements précis d'une manière attrayante sur les ressources touristiques, si variées, du Canada.

LE BESOIN DE MULTIPLIER LES ÉCHANGES

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21.   Les personnes aptes à exprimer une opinion éclairée reconnaissent généralement qu'il serait possible d'amplifier de beaucoup l'activité du Canada à l'étranger, dans les domaines de l'information et des échanges d'ordre culturel. Beaucoup de nos missions, même importantes, n'ont pas encore d'attachés d'information. Aux États-Unis, la nomination d'autres attachés de presse, bien choisis, aiderait sûrement à mieux faire connaître le Canada dans ce pays. Il faut davantage de textes imprimés et polycopiés, publiés en un plus grand nombre de langues. Actuellement, les documents destinés aux enfants et aux écoles sont insuffisants. À Londres, il faut remplacer le Canada Weekly, périodique utile qui, dernièrement, a cessé de paraître. On a proposé un périodique du genre de South West Pacific, que publie le gouvernement australien. En outre, il faudrait enrichir les bibliothèques, beaucoup trop pauvres, de nos missions. Actuellement, elles ne renferment que des ouvrages de documentation et de référence.

22.   On nous a fait observer que les missions canadiennes pourraient utiliser plus de films et plus de copies des films actuellement disponibles. En outre, un mode de distribution plus efficace s'impose. Même les grandes missions n'ont pas de fonctionnaire spécialement formé en vue de ce travail. Si le ministère pouvait accroître son personnel à cette fin, s'il pouvait y consacrer une somme égale aux $50,000 que prévoit le budget de l'Office national du film pour la distribution internationale, il pourrait accomplir une tâche beaucoup plus efficace. Il serait avantageux aussi d'étendre les services qui distribuent actuellement des photographies et des documents illustrés.

23.   Cependant, toutes ces questions se rapportent, en somme, aux services d'information. Le problème qui a le plus retenu notre attention, est celui de l'accroissement des échanges culturels. Du point de vue politique, ces échanges sont précieux, en ce qu'ils font mieux comprendre notre pays aux autres, et, comme nous l'avons signalé, ils sont importants aussi pour aider à l'évolution régulière de la vie culturelle au Canada même. Nous avons entendu parler, de diverses sources, du travail accompli dans ce domaine, et nous sommes forcés de conclure que nos échanges culturels n'ont pas dépassé le stade élémentaire, pour ne pas dire qu'ils sont inexistants.

24.   Les échanges qui se rapportent à l'enseignement sont peut-être les plus courants et les mieux connus et suscitent l'intérêt le plus général. Dans un chapitre antérieur, nous avons parlé des échanges d'hommes de science, qui relèvent du Conseil national de recherches. Le ministère des Affaires extérieures, qui s'occupe dans cet ordre de choses des requêtes reçues de l'extérieur et s'efforce d'y répondre, se tient à cette fin en contact avec divers ministères fédéraux, avec les ministères provinciaux de l'Instruction publique et avec des associations non gouvernementales. Par malheur,

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dans le domaine plus général des demandes de renseignements relatives à l'enseignement au Canada, nous ne sommes pas en mesure de répondre promptement et efficacement. Il n'existe pas d'organisme central qui soit chargé de réunir, par exemple, des données sur le coût de la vie au Canada pour les étudiants étrangers, sur les exigences en matière de scolarité, sur les bourses et chaires accessibles, sur les avantages et spécialités de telle ou telle institution, et sur d'autres questions connexes.

25.   Les dispositions que nous avons prises en vue des échanges dans le domaine de l'éducation comportent encore d'autres lacunes importantes. Tout d'abord, le Canada ne fait toujours rien d'officiel pour ce qui est des bourses d'études, même si certains particuliers, certains groupements et certains gouvernements provinciaux en offrent, pour leur part, aux étrangers qui viennent étudier chez nous. Cette ligne de conduite, ou plutôt cette absence de politique, peut s'expliquer par des motifs d'ordre constitutionnel, mais, aux yeux des représentants de pays amis, une réponse toujours négative paraîtra dictée soit par une modestie excessive à l'égard de nos institutions d'enseignement, soit par l'indifférence à l'endroit des bienfaits résultant de ces échanges.

26.   L'anomalie de la situation actuelle s'aggrave du fait que, chaque année, des Canadiens se rendent en grand nombre dans d'autres pays, grâce à des bourses distribuées par des gouvernements généreux. Nous avons traité ce sujet avec quelque précision, dans notre étude sur les bourses, au Chapitre XIII. Inutile de revenir sur la générosité américaine, mais peut-être peu de Canadiens savent-ils que nous recevons également des bourses et des allocations de voyage des gouvernements de la France, de la Grande-Bretagne, de l'Argentine, du Brésil, de la Suède et de la Suisse. Deux de ces pays, cependant, ont mentionné la difficulté qu'il y avait à verser des subventions en l'absence, au Canada, d'une organisation nationale chargée d'en assumer la responsabilité, d'aider au choix des candidats et de s'occuper des autres éléments essentiels de la procédure. Le ministère des Affaires extérieures n'est guère en mesure d'accomplir cette fonction, encore qu'il ait fourni toute l'aide possible et qu'il se soit récemment assuré la collaboration de la Conférence nationale des universités canadiennes.

27.   L'absence d'un organisme national d'information sur l'éducation limite aussi d'autres échanges, comme les conférences d'étude internationales, les échanges de professeurs et les échanges d'étudiants. Nous l'avons déjà rappelé, le ministère a fourni quelque assistance à cet égard, mais cette aide était nécessairement restreinte, non seulement par le manque de renseignements et de fonctionnaires spécialement qualifiés, mais aussi par l'inexistence des fonds et des rouages nécessaires pour assurer les services souhaitables. Dans cet ordre de choses le Canada a besoin et d'un organisme coordinateur et de fonds. En conséquence, c'est avec un

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intérêt tout particulier que nous avons appris que certains fonctionnaires envisagent de faire servir, à des projets d'ordre éducatif et culturel, une partie des fonds canadiens «  gelés » en France, en Italie et en Hollande. Si l'idée est réalisable, elle permettrait de donner à des gradués, à des instituteurs et à des professeurs canadiens les moyens de poursuivre leurs études ou des travaux dans trois au moins des pays où nous détenons la plus forte proportion de nos crédits « gelés  ». Dans le même ordre d'idées on pense aussi à la possibilité d'encourager ainsi des artistes et des conférenciers canadiens et de favoriser la participation des nôtres aux conférences de caractère culturel, de nature semi-officielle, qui se tiennent dans les pays mentionnés plus haut. La somme des fonds canadiens « gelés » dans les pays d'Europe est considérable. Nous espérons donc qu'on trouvera approprié d'en distraire une partie pour stimuler ces échanges culturels qui fortifieraient le prestige du Canada outre-mer et qui seraient tellement profitables aux citoyens canadiens eux-mêmes.

28.   Le manque d'argent et l'absence d'un organisme approprié entrave d'autres formes d'échanges dans le domaine des arts, des lettres et des sciences. On convient qu'il faudrait envoyer dans les missions et offrir en cadeaux aux institutions étrangères une plus grande quantité de tableaux, de sculptures et de livres canadiens; qu'il faudrait encourager musiciens et conférenciers, ensembles musicaux et troupes de théâtre à faire des tournées à l'étranger; qu'il faudrait donner aux savants de marque l'occasion d'assister aux réunions internationales; et qu'il faudrait inviter tous les pays intéressés à nous rendre la pareille. Il ne se fait rien ou presque rien dans ce domaine, mais cela ne tient pas uniquement au manque d'argent. Si l'on disposait de fonds publics, il faudrait, évidemment, les dépenser avec le plus grand soin et la plus grande prudence, mais actuellement, tout comme nous n'avons pas d'organisme capable de fournir renseignements et conseils sur tous les aspects pratiques du régime d'enseignement au Canada, nous n'avons pas non plus d'institution nationale qui soit en mesure de es [sic] prononcer, avec autorité et en connaissance de cause, sur la question de plus en plus importante des échanges culturels. Le développement des échanges internationaux dans le domaine des arts, des lettres et des sciences augmenterait le prestige du Canada à l'extérieur. Il assurerait à l'artiste créateur un vaste marché d'exportation et enrichirait, en retour, l'apport culturel que les Canadiens recevraient de l'étranger.

INITIATIVES CULTURELLES DU COMMONWEALTH

ET D'AUTRES PAYS

29.   Le Canada, nous l'avons déjà dit, retarde à cet égard sur le reste du monde. Que cela nous plaise ou non, l'information et les relations culturelles deviennent de plus en plus, de nos jours, un élément essentiel de la politique étrangère. Ce sont les dictatures qui, ces dernières années, ont accéléré le mouvement en ce cens. Les pays démocratiques suivent leur

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exemple, en partie parce qu'ils tiennent compte de circonstances qui rendent nécessaire et souhaitable en soi une telle activité et, en partie, parce que seule la vérité, disséminée efficacement et abondamment par tous les moyens possibles, peut détruire la propagande de l'erreur.

La Grande-Bretagne

30.   La Grande-Bretagne, autrefois célèbre pour sa tradition du laisser faire, compte parmi les pays qui, depuis quelque temps, se sont mis en tête de ces mouvements. Il ne s'agit pas là d'une politique liée au sort d'un parti; la ligne de conduite actuelle, établie avant le dernier conflit, a été suivie, comme si cela allait de soi, par des gouvernements de couleurs politiques différentes. La Grande-Bretagne affecte aujourd'hui plus de seize millions de livres sterling par an aux services d'information et de culture, dont plus de onze millions aux services d'outre-mer.

31.   En plus d'affecter des fonds à l'information, la Grande-Bretagne a entrepris, dans le domaine culturel, une expérience intéressante dont on ne trouve pas la contrepartie au Canada. Il s'agit du British Council. Fondé en 1935, grâce à des subventions de l'État, il fut constitué en société en 1940 et il émarge aujourd'hui entièrement au trésor public, qui lui a versé, pour 1950-1951, la somme de £2,226,000. Le Council a pour objet de répandre à l'étranger la connaissance de la langue, de la culture anglaises et, particulièrement, de favoriser le resserrement des liens culturels avec les autres membres du Commonwealth. Il est manifeste que le British Council est organisé de manière à éviter l'excès de bureaucratie et, sans renoncer à l'appui de l'État, à conserver à son activité un caractère bénévole et spontané. Il compte deux cents membres et bénéficie de l'appui de conseils consultatifs. Toutefois le gros du travail réel est exécuté par une commission exécutive de trente membres, dont neuf sont désignés par des ministères. Bien que le Parlement contrôle ses dépenses, il jouit d'une grande liberté d'action et est entièrement dégagé de toute contrainte ou de toute intervention de caractère politique.

32.   L'activité du Council est multiple et variée, tout en restant conforme à son objectif général qui est de faire connaître le peuple britannique à l'étranger en présentant ses initiatives culturelles comme un reflet de ses institutions nationales et sociales. Il parvient donc à faciliter la sympathie et la compréhension en s'écartant du point de vue trop exclusivement économique et politique, qui était auparavant la seule voie d'approche en usage. Il est divisé en sections de l'éducation, des sciences, des beaux-arts, du théâtre, de la musique et des imprimés; il bénéficie de l'aide de comités bénévoles dont les fonctions correspondent plus ou moins à celles de ces sections.

33.   On favorise l'enseignement de l'anglais par des cours spéciaux donnés tant à l'étranger qu'au pays même, et par des bourses grâce auxquelles des professeurs venant d'autres pays peuvent étudier en Angleterre. Les séjours

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en Grande Bretagne sont organisés à tous les niveaux et dans tous les domaines, depuis ceux d'artisans qui vont y suivre des cours de trois semaines jusqu'à ceux d'artistes ou de savants célèbres dans le monde entier. On s'occupe de mille façons des visiteurs, ainsi que des étudiants des colonies et, à Londres même, de tous les étudiants d'outre-mer. Le Council aide aussi à distribuer des bourses offertes par d'autres nations à des étudiants britanniques. Il organise encore les tournées de troupes d'acteurs, de musiciens, de conférenciers de toutes sortes et, en général, des représentants les plus distingués de la culture britannique.

34.   Outre ces échanges de personnalités, le Council assure une distribution importante, de livres et périodiques, - notamment un certain nombre de ses propres publications, - de musique imprimée, de disques et de films, ainsi que l'exposition d'originaux ou de reproductions d'ï¿œuvres d'art. Les documents publiés par l'organisme lui-même portent sur une foule de sujets, mais plus particulièrement sur le progrès des sciences. La distribution est assurée de diverse façon, mais surtout grâce à l'établissement de British Council Centres, établis dans la plupart des pays du monde, à quelques notables exceptions près. Parmi ces dernières, on compte les États-Unis et le Canada qui, seul parmi les pays du Commonwealth, n'a pas de représentant à demeure du British Council.

La France

35.   L'histoire des échanges ou des exportations culturelles de la France est beaucoup plus longue. Depuis la grande époque du XVIIe siècle, la France peut se vanter avec raison d'avoir été le centre du savoir et de la science pour l'Europe et les pays au-delà des mers. Elle reste fidèle à cette tradition, encore que les circonstances internationales l'aient contrainte de diminuer un peu son activité dans certains pays. Avant 1914, cette activité ressortissait surtout au ministère de l'Instruction publique, mais, dans l'entre-deux-guerres, elle a été confiée à celui des Affaires étrangères. C'est surtout sur l'éducation qu'on mettait l'accent. On envoyait des professeurs français dans les universités étrangères; on a fondé des lycées français et des écoles primaires en dehors de France, et créé des Instituts français dans certaines capitales, en Europe et ailleurs. On a aussi organisé des tournées de professeurs, d'artistes ou de musiciens, et offert des livres à des institutions disséminées dans le monde entier.

36.   Depuis 1945, cette ï¿œuvre a pris de l'ampleur et ressortit exclusivement à un directeur général des relations culturelles. Les Instituts français à l'étranger servent de centres, non seulement pour l'activité éducative, mais pour la mise en ï¿œuvre d'un programme grâce auquel des professeurs français, bénéficiant parfois de subventions supplémentaires de leur gouvernement, enseignent dans les universités des pays où se trouvent les Instituts. Les lycées français à l'étranger fonctionnent en étroite collaboration avec les institutions d'enseignement des pays où ils ont été

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fondés. On organise des tournées de conférences avec le concours de l'Alliance française. On prévoit aussi des expositions ambulantes, des tournées de corps de ballet, d'orchestres symphoniques ou d'exécutants isolés. Enfin, universités et bibliothèques reçoivent de généreux dons de livres.

Les États-Unis

37.   Ce n'est que tout dernièrement que les États-Unis ont adopté un programme officiel d'échanges culturels, mais certains groupements bénévoles avaient déjà accompli une ï¿œuvre importante en ce domaine. À l'heure actuelle, plusieurs d'entre eux reçoivent des subventions de l'État, et le Département d'État lui-même participe directement à plusieurs initiatives. En 1949-1950, il a consacré environ 27 millions à l'exécution de projets d'éducation et d'information, et, en outre, une somme de six millions, dont l'affectation a été décidée après consultation de l'Advisory Commission on Education Exchange. Il semble que le caractère fédéral de la constitution américaine n'ait en rien gêné les échanges dans le domaine de l'éducation. En une année, récemment, 935 étudiants d'autres pays sont venus aux États-Unis et 1,891 étudiants américains sont allés poursuivre des études à l'étranger, en vertu de divers programmes d'échanges.

38.   Ne nous étonnons pas que la plupart des étudiants américains qui ont profité de cette initiative aient été des techniciens. Il reste que, dans le domaine culturel, le gouvernement américain a créé 30 centres dans 18 pays, 67 bibliothèques et 34 salles de lecture dans 60 pays. Parmi les nouvelles mesures dans le domaine des échanges éducatifs, signalons le déblocage des avoirs américains retenus à l'étranger, dans le dessein de fournir les fonds pour les échanges d'étudiants. Des fonctionnaires du gouvernement canadien ont étudié un projet analogue comme nous l'avons dit plus haut.

Autres pays

39.   Le Canada vient sûrement très loin derrière les grandes nations occidentales dans le domaine des échanges culturels. D'autre part, il est plus difficile de comparer son activité à celle des autres pays moins importants du Commonwealth ou de pays étrangers d'une importance à peu près égale à la sienne. Nous savons néanmoins que le seul Service d'information australien, dont le budget annuel est de 351,000 livres australiennes, possède des bureaux à Londres et à New-York, et assure une intense diffusion de renseignements au moyen de la radio, des films, de photographies (il existe à Londres une collection australienne de 40,000 photos), de livres et de périodiques, y compris trois revues traitant de la vie en Australie, ainsi que de l'économie et de la culture du pays. Son service de radiodiffusion transmet des émissions sur ondes courtes vingt-deux heures par jour en cinq langues.

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40.   De plus petits pays, en dehors du Commonwealth, se préoccupent de plus en plus de la question. En 1950, la Belgique a dépensé $155,937 soit 7.7 p. 100 de son budget des Affaires étrangères, au titre de l'activité culturelle, par l'intermédiaire de ses missions à l'étranger et de centres d'information à New-York et à Londres. La Division culturelle du ministère des Affaires étrangères du Brésil bénéficie d'un budget annuel de $200,000 et possède des Instituts culturels dans les pays de l'Amérique latine. Elle distribue également 170 bourses à l'étranger, dont trois vont à des étudiants canadiens. Au moyen d'une soixantaine d'accords culturels intervenus avec d'autres pays, elle favorise les échanges de livres, de périodiques, d'expositions, d'artistes, de conférenciers, ou d'autres échanges du même genre. La Suède, de son côté, possède un Institut des relations culturelles de cent membres, dont la moitié sont nommés par l'État et l'autre par des organismes particuliers. Grâce à des subventions officielles et privées, cet institut cherche à donner à l'étranger une connaissance précise de la Suède et de la culture suédoise. Il fonctionne directement et par l'entremise de succursales situées à Londres, Paris et New-York.

OPINIONS ET PROPOSITIONS DE NOS SOCIÉTÉS BÉNÉVOLES

41.   Il est donc manifeste que, dans cet important domaine de l'activité nationale, le Canada retarde sérieusement sur d'autres pays démocratiques, y compris des pays à la population et aux ressources moins considérables. L'insuffisance des échanges culturels du Canada n'a pas échappé à certains groupements bénévoles de chez nous qui, en formulant des commentaires à ce propos, ont insisté sur les avantages que les artistes et savants canadiens, ainsi que toute la population, retireraient d'un appui officiel plus généreux aux échanges culturels. Ces groupements ont préconisé l'adoption d'un programme plus vigoureux de relations de ce genre avec l'étranger.

42.   On nous a laissé entendre que les missions diplomatiques devraient comprendre dans leur personnel des attachés culturels. Ces représentants, suggérait-on, pourraient servir aussi de préposés à l'information. En outre, il a été recommandé que nos missions à l'étranger présentent d'une façon systématique les réalisations artistiques et industrielles du Canada en se fournissant de meubles canadiens, en exposant des tableaux et des sculptures de nos artistes, en conservant des collections de livres et de disques canadiens. Le gouvernement fédéral, nous a-t-on dit, devrait acheter des ï¿œuvres d'art en grand nombre, dans le dessein de les offrir à des institutions étrangères.

43.   On a souligné aussi l'importance de faciliter les échanges personnels de diverses façons, notamment grâce à une aide ou à des garanties pécuniaires accordées aux groupes musicaux ou dramatiques, aux conférenciers et musiciens en tournée, aux savants et lettrés canadiens qui devraient

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assister plus souvent aux réunions des sociétés savantes. Les Canadiens qui, à leurs propres frais, assistent à ces réunions ne peuvent, nous a-t-on signalé, déduire ces frais de leur feuille d'impôt sur le revenu que si la réunion a lieu aux États-Unis. Même dans ce cas, ces déductions ne sont permises qu'aux hommes des professions libérales qui sont autorisés à ajouter ces sommes aux déboursés qu'entraînent leurs affaires. On a proposé aussi d'accorder quelque encouragement, financier et autre, aux associations internationales qui aimeraient tenir leurs réunions au Canada. On a formulé également diverses observations sur l'importance des échanges internationaux au moyen de bourses d'études.

44.   Les sociétés bénévoles ont aussi demandé un plus grand nombre d'expositions artistiques de tous genres. Elles ont déploré l'indifférence officielle à faire connaître et à diffuser à l'étranger les livres canadiens. Enfin, elles ont proposé deux sortes de centres culturels. Il faudrait, à leur avis, organiser des bibliothèques, des musées, des manifestations musicales et des expositions ici-même dans nos parcs nationaux, à l'intention des touristes et autres visiteurs, et établir, à Londres et à Paris des "Instituts canadiens".

FACTEURS QUI LIMITENT LES ÉCHANGES CULTURELS

45.   Étant donné le vif intérêt que suscite, dans tous les milieux, l'encouragement à donner aux échanges culturels, pourquoi le Canada a-t-il si peu fait ? Trois raisons ont été invoquées. La première, mais non la moins importante, c'est que le Parlement ne fournit pas les crédits nécessaires. Nous reviendrons là-dessus à la deuxième partie. On a avancé deux autres raisons, dont nous avons déjà dit un mot au présent chapitre. Nous n'avons pas d'organisme central qui, bien informé lui-même en matière d'éducation, pourrait renseigner les Canadiens sur tous les aspects de l'enseignement à l'étranger qui sont de nature à les intéresser. C'est dire que nos ministères eux-mêmes ne peuvent que très difficilement réunir les données qu'il leur faudrait posséder pour accroître les échanges dans le domaine de l'éducation. Point n'est besoin d'ajouter que ces ministères, qui ne sauraient se passer de l'opinion des groupements représentatifs, seraient heureux de connaître leur point de vue. Il existe des groupements intéressés à tous ces aspects pratiques du régime éducatif au Canada, mais l'absence d'un bureau central de renseignements et le manque d'argent gênent leurs initiatives.

46.   De même, il n'y a pas, au Canada, un organisme central qui, connaissant à fond la vie intellectuelle et culturelle du Canada, puisse donner des conseils avisés et compétents au ministère des Affaires extérieures. Certaines associations ont beaucoup fait pour favoriser les échanges culturels, ainsi que nous l'avons déjà noté. Nous avons aussi entendu le témoignage de groupements ne disposant que de faibles moyens d'action,

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ainsi que de particuliers débordés par toutes les demandes de renseignements qui leur parvenaient souvent par l'entremise du ministère des Affaires extérieures. Groupements et individus font ce qu'ils peuvent avec les moyens dont ils disposent, mais, parfaitement conscients de l'insuffisance de leurs efforts, ils sont les premiers à reconnaître qu'ils n'ont pas qualité pour parler au nom du Canada. Ce qui s'impose surtout, apparemment, c'est un appui financier et la coordination des efforts. Dans la deuxième partie du présent Rapport, nous formulons des recommandations à ce propos.

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*Extrait de : Canada. Commission royale d'enquête sur l'avancement des arts, lettres et sciences au Canada. Rapport. Ottawa : Imprimeur du roi, 1951. Reproduit avec la permission du Bureau du Conseil privé.

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